Et bien... Heu... Comment dire. Cette dernière main est improbable. Comme la manière dont s'est déroulé mon tournoi. C'est une performance improbable que je viens de réaliser vu mon niveau.

Pouvoir raconter LA main qui me permet de gagner le tournoi était inimaginable. Si je n'avais pas chatté il y a une heure à peine ce full river après un hero call digne des plus grand fish, je ne serais pas là à vous parler. En plus j'ai joué cette dernière main avec un degré de réflexion niveau zéro. Quand j'y pense j'en ai des frissons dans le dos... lol comme dirait mon fils...

Alors ce dernier coup. Je suis donc au bouton. J'ai 7h2h. Je minraise. Un bet standart sans trop réfléchir. Il faut dire que je commençais à ressentir une grosse fatigue et un léger mal de tête commençait à me perturber.

A ce moment-là du HU, j'étais plus concentré sur le fait de ne pas spew mes jetons par manque de concentration qu'autre chose, et puis j'ai la fâcheuse tendance quelquefois, quand je suis fatigué, à jouer un peu façon "dégen" en me disant que se retrouver là où je me trouve est déjà une belle performance... Mais ici, vu l'importance du tournoi, il était interdit de lâcher.

Je minraise disais-je avec 72s à coeur. Mon adversaire me 3bet. On jouait depuis deux heures ce HU et on commençait à se deviner tous les deux. Je sens à ce moment-là qu'il a touché quelque chose. Je ne peux pas dire ce qui me fait penser ça ; peut-être le timing par rapport à la dynamique installée entre nous deux.

Est-ce que la fatigue me désinhibe, je ne sais pas mais alors que j'aurais fold en début de partie, je décide de call, en me disant que si je ne touche rien de bon ou que, suivant la taille de son Cbet qu'il ne manquera pas de faire, je passerai sans hésiter. Au flop : As7s2s

Je me dis que finalement je ne suis pas trop mal avec cette double paire inespérée. La question est de savoir ce qu'il y a en face et instinctivement je sens qu'il a les AA. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je me rappelle me dire : "si ça se trouve il a les AA ».

Je me dis que s’il a brelan floppé, il y a de grande chance qu’il check.

Il check ! Une carte gratuite qui me conforte dans ma lecture. Il peut avoir les AA et veut me trap.

Que faire avec ma double paire. Checker et espérer toucher un autre 7 ou 2 ? Ce serait l’idéal. Mais si je ne touchais pas, je serais bien avancé. Et puis ça donnerait full max au vilain.

Mettre un barrel, ça aurait l’avantage au cas où il n’ait pas brelanté de pouvoir éventuellement le faire folder mais je lui donnerais alors l’occasion de me revenir dessus. Sans que j’arrive à me l’expliquer, je n’ai pas envie de quitter ce coup.

Il faudrait certainement que je bet mais j’ai les AA en tête et ça m’empêche de bien réfléchir.

Incroyable moment où pour la première fois, j’ai l’impression de n’avoir jamais aussi bien lu un adversaire et malgré tout je suis prêt à aller jusqu’au bout. Le perdant magnifique !

Je me décide de la jouer petit bras. Je check et prend ma carte gratuite. La turn montre un 2.

Ben voilà ! Je suis bien avancé maintenant. J’ai full mais, toujours suivant ma lecture obsessionnelle, il a full sup. Mais pourquoi fallait-il que je touche à ce moment-là ? Pourquoi a t’il fallu que je tombe amoureux de ma main ?

Je commence à me maudire d’être entré dans ce coup. La peur de sauter commence à poindre, l'angoisse de perdre m’assaille. J’ai le sentiment de faire n’importe quoi sous les yeux de tout le monde et que tout le monde s’en rend compte. Horrible ! Ce n'est pas bon, ce n'est pas bon....

Mon adversaire check !!!… Incroyable ! Il check. Il doit se sentir le roi du monde avec son full et il espère me prendre tout.

Mais il me laisse une carte. Et si… ? Je me rappelle alors ce film avec Mel Gibson « Maverick » et la fameuse partie de poker sur le bateau. Il doit toucher une seule carte pour gagner. Il fait alors ce qu’il a toujours fait depuis son enfance. Il se concentre très fort pour appeler la carte qui finit par sortir.

Je fais pareil. Je check et j’appelle de toutes mes forces le 2 pour un carré de l’espace. Ce serait magnifique. Un 2 au moment le plus important du tournoi. La main de la gagne. De toute évidence, on partira à tapis tous les deux ; ça ne fait aucun doute.

Le croupier pose la carte cachée et prend la river dans sa main. Il la retourne lentement et pose délicatement le plus beau 2 que j’ai jamais vu. Un 2 ! Un p….. de 2 pour faire carré.

J’ai carré. Je suis max. Mon adversaire part à tapis et montre les AA. Je le savais. Je savais que j'aurais dû fold... Non je rigole... Je savoure juste une micro seconde et je call le sourire aux lèvres.

A ce moment je me dis que je dois être le plus gros fish qui ait jamais gagné un tournoi de cette importance.