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zebezt
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#BPTBluff 

Je dispute la table finale du BPT Lille en compagnie de deux joueurs extrêmement agressifs. Je dois leur tenir tête. La victoire est à ce prix. Mes mains sont moites et rendues malhabiles, ce qui n'est pas idéal pour dégainer du jeton. Et la sueur imbibe mon chapeau, mon dernier rempart contre leurs assauts. Il ne manque guère que le soleil de plomb pour que notre affrontement final ressemble à un dénouement digne d'un Western.

 

Nous sommes donc trois. Un bon au visage angélique, une jeune brute et un truand aguerri. Le bon (votre serviteur) joue de façon fluide et appropriée, tentant de passer entre les gouttes. La brute effectue régulièrement des relances monstrueuses. Le truand s'engage quant à lui dans tous les pots et dégaine systématiquement au flop en tentant d'arracher tous les coups à la manière d'un détrousseur de diligences.

Le dénouement est proche. La brute est énervée, car elle vient de perdre un gros coup contre le truand (aux tempes grisonnantes) dont le comportement s'avère particulièrement méprisant et qui n'arrête d'ailleurs pas de le chambrer pour le pousser à la faute. Le tapis de la brute énervée se retrouve bien entamé. Je le sens terriblement contrarié, à la limite du tilt. C'est le moment d'en profiter, d'autant que je suis au bouton : je prie pour que le croupier m'accorde une main puissante. Mais la magie n'opère pas, comme presque toujours : 10♣et 2♦. Peu importe, je tente le coup car la position est en ma faveur.

 

Mal m'en a pris. Les deux loulous m'ont suivi, prêts à en découdre alors que je suis désarmé. Ca sent terriblement la poudre et j'ai l'impression de jouer les mèches trop courtes. Le flop est constitué de J♦J♠ et 9♥. J'ai la désagréable impression de me retrouver à l'ouest, mais sans la conquête qui va avec... D'autant que le truand qui était de petite blinde décide de miser directement ! Dépité par mon mauvais timing, je me prépare à jeter ma main. Mais c'est alors que la brute effectue une sur-relance dantesque, en toisant le truand avec une étrange mimique en coin. La tension grimpe encore d'un cran et l'air devient irrespirable. On sentirait presque l'odeur du cuir humide de sa sacoche, d'autant qu'une grosse goutte de sueur perle longuement de sa tempe avant de tomber sur le bord de la table et de rouler au sol.

 

Je les regarde tous les deux en me préparant à me retirer du coup et à endosser le rôle du croque-mort puisqu'ils ont manifestement tous deux choisi cette main pour régler leurs comptes. Il y a de l'orage dans l'air. Pourtant, au loin, je crois entrapercevoir un coin de ciel bleu. Car mes mains refusent de répondre aux ordres de mon cerveau... Je prends ma plus grosse pile de jetons, et je l'avance les mains en coupe tandis qu'un « tapis » sort de ma gorge pourtant aussi nouée que le cou d'un pendu au petit matin.

 

Le truand déglutit. Il s'éponge le front, manifestement mal à l'aise d'avoir été pris au dépourvu. Ses mains tremblent. Il lève les mains en l'air et rend les armes. En voilà un premier qui a renoncé. Reste à présent la brute. Elle demeure impassible un long moment et me toise avec son air mauvais. Je ne peux plus soutenir ce regard et décide de fermer les yeux et de retenir ma respiration. Une minute passe. Mes joues s'empourprent. Les secondes continuent à s'égréner et ma gorge me pique de plus en plus. Je n'en peux plus. Je veux que ça cesse.

 

La brute retourne alors ses cartes. Une dame et un valet. Solide, le brelan ! J'ai l'air d'un cow boy du dimanche avec mon 10 et 2. Je ne dis rien, térrorisé par l'idée d'être parti au combat avec en main un pétard mouillé. La brute décrispe alors ses muscles et me sourit en me disant : " bien joué ! Tu avais as-valet, pas vrai ?" . Je respire avec avidité une goulée d'oxygène et déglutis sans plus bouger. Car profitant de la tension ambiante, je viens de me faufiler entre les gouttes et de remporter ce coup.

 

Le croupier me réclame mes cartes demeurées prisonnières de mes mains. Je retourne mes cartes. "10 et 2. La main de Doyle Brunson !" hurle le truand hilare. Un brouhaha s'empare de la salle. La brute jaillit de son siège et éructe non sans m'arroser au passage de quelques postillons : "comment t'as pu faire ça ? T'es un putain de génie, c'est ça ? C'est le bluff le plus moisi que j'aie jamais vu." Je demeure silencieux. Penaud face à mon comportement impassible, la brute toise le truand toujours hilare, se rassoit et murmure : "A l'ouest rien de nouveau... "

 

Je réponds enfin, en le défiant du regard : "Ici, c'est le Nord" ! La salle laisse alors retentir un tonnerre d'applaudissements tandis que je reçois une pluie de compliments de la part des observateurs.  Quelques minutes après ce coup, le tournoi s'achève : le magot tant convoité est entre les mains d'un cow boy solitaire qui s'en retourne chez lui dans le crépuscule...

alers te souhaite un gros GL , ta encore le temps de remonter !

Merci à toi :)

UN GROS GOGO!!!

Avec plaisir - bonne chance :) 

perso, je ne retourne pas mon 102o, je muck, et là il tilt grave :D

cette photo ces a toulouse ? au bpt

Oui BPT Toulouse 2014.